Les scénaristes de Fringe nous promettaient un final tragique, avec mort de personnages à l'appui. Focus sur une fin de saison très attendue.
Rien n'y fait ! Fringe a beau commencer comme une très classique anthologie du fantastique, quelque part entre X-Files et Les Experts, la série dépasse rapidement son postulat de départ et s'affirme comme un grand récit de S.-F. métaphorique, à l'exact croisement d'Alias et de Lost, les deux précédentes créations de J. J. Abrams. La formidable troisième saison prend en effet une tournure feuilletonesque absolument passionnante, mélangeant faux semblants identitaires, dilemmes moraux à la croisée des dimensions, mythologie geek tendance hard-science, et, bien entendu, voyage dans le temps et paradoxe temporel. Depuis l'apparition de Christopher Lloyd (le génial doc de Retour vers le futur) dans la série (S03E10 : The Firefly), on attend de pied ferme le retour de cette thématique, presque un passage obligé dans les productions d'Abrams (même Felicity finissait par bouleverser la chronologie). C'est chose faite dans ce final qui projette Peter Bishop le 20 mai 2026, et nous propose un aperçu de ce que devient le monde 15 ans après son entrée dans la machine.
Si la saison 3 était centrée sur le personnage d'Olivia Dunham, dont la quête d'identité a pris fin lors d'un très original voyage dans sa conscience (S03E19 : Lysergic Acid Diethylamide), le final se concentre plutôt sur Peter Bishop. On savait le personnage aussi fragilisé par les événements de la série : on l'a vu prendre des décisions éthiquement condamnables (il a tué les métamorphes pour décrypter leur mémoire), alors que l'épisode 21 le montrait perdu, incapable de faire la différence entre les deux univers. Et quand on sait qu'en pénétrant dans la machine, il va influer par sa décision sur l'avenir de l'humanité, ces hésitations ne sont pas à prendre à la légère.
"Le final de la saison 3 de Fringe nous laisse haletant et on ne demande qu'une chose : la suite !"
Surprise : alors qu'on s'attendait à un dilemme moral pour le personnage (quel univers va-t-il choisir : celui dont il est originaire, et où il a un enfant avec Olivia, ou celui d'adoption, où il aime Olivia), il est à la place projeté 15 ans dans le futur, et peut alors contempler les conséquences de son acte, que l'on découvre en cours d'épisode.
Comme à son habitude, le générique de Fringe prend les couleurs de l'espace-temps de son épisode : après le rouge du monde parallèle, le ton délicieusement rétro de 1985, voici le noir pour le futur. Autant dire que l'avenir est sombre pour nos protagonistes. On découvre un monde post-apocalyptique, déchiré par les vortex, et qui n'a aucun espoir d'échapper à la destruction. Comme promis par l'équipe - dont John Noble ici-même - le final insiste sur l'aspect dramatique de la série, et un personnage central meurt. L'impact émotionnel est cependant réduit du fait que l'on sait très bien qu'en mourant dans un futur possible, celui-ci est amené à revenir dans la continuité classique.
Très stimulant sur le plan intellectuel, l'impact émotionnel est moins fort qu'il ne devrait l'être dans cet épisode du fait de sa position temporelle, qui nous le fait appréhender comme un hors-série au niveau dramatique (on retrouve le défaut qui empêchait une empathie totale avec ce qui arrivait aux personnages de la saison 6 de Lost). Il faut attendre de revenir au présent pour mesurer l'ampleur des événements contés, et se retrouver bluffé par un final en effet très fort.
Ven 13 Mai - 5:14