Sexe, magie, et chevaliers : voilà la formule magique de Camelot, nouvelle série de la chaîne Starz, qui se veut une relecture adulte et originale des mythes arthuriens...
Toujours décidée à concurrencer les chaînes du cable plus établies, Starz récidive : après Spartacus (et le succès incontestable de sa formule sexe + sang) et Les Piliers de la Terre (beaucoup moins explicites, mais plus ambitieux, notamment sur le plan de la reconstitution historique), la chaîne a décidé de combiner les deux approches, et de produire une nouvelle série, mélangeant fiction historique prestigieuse, et série sexy accessible à tous.
Autrement dit, si Spartacus était en quelque sorte la réponse de Starz au Rome de HBO, Camelot est aujourd'hui celle de la chaîne aux Tudors de Showtime. Quoi de plus naturel alors que de s'adresser à Michael Hirst, le papa des Tudors, pour reproduire ici sa formule gagnante fiction anglaise en costumes + scènes de sexe gratuites ? Et à ses côtés ? Chris Chibnall, bien entendu, le showrunner des deux premières saisons de Torchwood (saisons brillant plus par leur provoc évidente que par leur écriture subtile ou leur tenue narrative), et déjà créateur de Merlin, la version ado du mythe diffusée sur la BBC.
Bref, le simple pédigrée des deux hommes était, bien avant de voir ne serait-ce qu'une seule image de Camelot, déjà suffisant pour se faire une idée de la nature du projet : une relecture clinquante du mythe arthurien, avec moultes jeunes femmes dénudées, des décors et costumes superbes, des personnages manichéens, et quelques entorses à l'histoire communément établie.
Sans surprise, ce cahier des charges est ainsi respecté à la lettre dans le pilote, montré en avance le 25 Février dernier, histoire de créer le buzz pour le show avant sa diffusion, ce 1er Avril. Une stratégie qui semble avoir fonctionné, tant la presse est unanimement positive au sujet de la série, sur la seule base d'un épisode pourtant assez quelconque.
Dans ce Camelot, nous suivons donc les destinées parallèles de la machiavélique Morgane (Eva Green), fille du Roi Uther Pendragon, qu'elle empoisonne prestement dans l'espoir d'hériter de son trône. Mais Morgane apprend alors l'existence d'Arthur (Jamie Campbell Bower), fils illégitime du Roi et prétendant au trône, confié dès son enfance à Ector (Sean Pertwee) par Merlin (Joseph Fiennes). Décidée à se débarrasser d'Arthur, Morgane conclut alors (dans la chair) une alliance avec le Roi Lot (James Purefoy), éternel rival de feu Uther...
Très rapidement, à la vue du pilote, les spectateurs habitués des Tudors se trouveront en terrain familier : rendu visuel, générique, musique, qualité de production sont assez similaires... ainsi que le style de récit et de personnage principal. Arthur, le futur roi, est un jeune homme séduisant et irrésistible, insouciant, et qui n'a qu'une idée en tête, le beau sexe (première apparition à l'écran = une scène de sexe ; première apparition de Guenièvre à l'image = totalement nue, dans un rêve prémonitoire d'Arthur), au grand dam de son meilleur ami Kay : Henry Tudor n'est pas loin, jusque dans le choix de casting d'un jeune acteur au physique avantageux et pas particulièrement sympathique (d'ailleurs, comme Suffolk dans Les Tudors, Kay semble ici faire preuve de plus de charisme que le héros de la série...).
"Il est encore trop tôt pour dire si, en guise de relecture adulte du mythe arthurien, Starz s'est contentée d'un ravalement de façade à base de nudité gratuite et de violence. Mais pour le moment, on reste un peu dubitatif..."
En face de Campbell Bower, un peu transparent, Purefoy et Green dévorent l'écran, aidés en cela par des personnages sans grandes nuances : ils sont méchants, très méchants, et ils le font savoir, en tuant à tout va (et gratuitement, en plus !). Bref, l'idéal pour ces deux acteurs, qui s'en donnent à cœur joie. Quid de Merlin, enfin ? Et bien... disons que Fiennes ne s'est pas amélioré depuis FlashForward. En Merlin, ici une sorte de moine guerrier mystérieux, il cabotine, grimace, force sa diction, et ne convaincra probablement pas ceux qui étaient déjà dubitatifs devant ses prestations précédentes.
Reste que Camelot s'inscrit parfaitement dans la grille de programmation de Starz : suffisamment racoleuse pour attirer un large public, tout en restant assez prestigieuse pour apporter une certaine caution qualitative à la chaîne, la série devrait trouver son public sans difficulté, à l'instar de Spartacus. Et avec un peu de chance, l'on peut s'attendre à ce que l'écriture s'affirme au cours des dix épisodes de cette première saison, pour s'extirper de la trame basique et manichéenne dans laquelle elle s'engage pour le moment...
Ven 13 Mai - 6:17